Nous ne pleurons plus

Publié le par MarieB.

Il y a cette histoire que je ne t’ai jamais racontée.  Ce n’est même pas que je voulais la dissimuler, c’est que je n’y avais jamais pensé.  C’est comme pour mon corps.  Tu ne m’as jamais demandé de me déshabiller devant toi.  Quand tu étais absent, les autres passaient un à un devant mon visage.  Ils inspectaient l’état de leurs coiffures dans le reflet de ma pupille.  Une musique sortait de mes oreilles et les paroles envoûtaient : « Oui, c’est vous le plus beau de toute la contrée ».

 

 

Je cours dans le labyrinthe de mon inconscient.

 

Mes mains patinent le long des murs.  Tâtent la souffrance qui suinte à travers la roche.  Une porte.  Je l’ouvre.  Je suis étendue sur un petit lit.  Mes jambes dépassent.  Il y a 25 ans, je mordais les draps gorgés de salive entre mes dents.  Je n’entendais rien, sauf que je savais.  Le couple maudit à la cinémathèque devant les grands chefs-d’œuvre du cinéma français.  Ils étaient là, et je les voyais de ma chambre.  Nous devions être dans l’année 1978, moi et mes frères étions seuls à la maison.  Ma mère, ma pauvre mère dont la souffrance a toujours vibré comme un écho en moi.

 

 

J’ai vécu quelques mois dans son corps.  Je me souviens, je m’en souviendrai encore demain.  Elle est la femme que l’on a oublié, celle aussi qui n’a rien à donner, pas même la vie.

 

J’étais dans la voiture et je pleurais.  J’avais fini de crier.  Petite Lou a dit : « Je te comprends maman.  Ce n’est pas facile, je connais ça ».

 

La voix de l’enfant qui s’était étranglé pendant 9 mois dans mon ventre noué me calma.

 

Le pathétique est bien réel, en voilà encore une preuve.  Nous nous sommes transmis le grand chagrin de mère en fille, comme ces misérables traditions familiales, avec leur moche sapin, bonnet rouge ridicule et bûche au beurre écoeurant.

Magritte, "L'esprit de géométrie", 1937

Publié dans Intime

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N
ni vérité ni mensonge dans la toile se mélangent émotions pensées délices &  crachats subjectivité à l'état pur dire soi tant bien que mal sans se soucier du jugement de l'autre dire soi car il n'y aura pas d'autre vie ni pour les submergés ni pour les immergés<br />
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S
C'est un peu comme pour cette série de photo où tu exploses Yann dans des toilettes rouges sang, soit deux jeunes donzelles qui explose un "vieux con" sauf qu'ici, il s'agit d'un "jeune con". Je sais, "vieux con", cela ne le fait pas, mais je suis sûr qu'il est le premier à le dire dans ses moments d'auto-dérision et c'est justement d'auto-dérision qu'il s'agit car rire seul de soi... Bon, je sais, je ne suis pas Yann, je ne suis... mais faut-il être... pour rire ?
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S
Les mathématiques ?!? Prenons l'idéalisme non pas de Platon, mais de Husserl ! Qu'est-ce que les mathématiques ?!? Une fiction ! Trouvez moi dans l'expérience du monde réel, des chiffres ?!? Ceux que vous me montrerez ne sont pas différents des centaures, des fictions ! Pour le rôle de la fiction en matière d'idéalisme chez Husserl - ou d'éidétique, ce qui revient au même - consulter Marc Richir, je ne suis pas payé pour donner cours, moi.Fin de la leçon et début d'une autre leçon.Socrate, sous la plume de Platon affirma que l'être humain était un bipède sans plume, ce qui à première vue tient la route. (La suite n'a malheureusement pas eu lieu sans torturer quelque animal comme ont plaisir à le signaler certaines comédies, mais il s'agit bien d'une comédie, si je ne m'abuse, d'un extrait du "Platon" d'Aristophane.) Sur ce Diogène pluma un poulet et dit à Platon : "Le voilà, ton homme !"Platon, bien que probablement dramaturge raté, ne semble pas avoir pour autant été un dramaturge frustré !?! Paraît-il qu'il reconnu à Aristophane que la grâce des dieux était venu se loger dans son âme ! (Très important lorsque l'on parle de la fille d'un bouffon du roi.) Certes, son apologie de Socrate laisse clairement sous-entendre qu'Aristophane est quelque part responsable dans le discrédit de Socrate, mais il l'a dit. Reste que la plupart des académéciens n'ont de cesse de clâmer que Platon n'aimait pas le théâtre, encore moins la comédie. Alors il faudrait savoir de quel Platon il s'agit ?!? Celui auquel ont fait dire ce que l'on veut dire, sous couvert d'un argument d'autorité ?Pourquoi vouloir que Marie se cache ?!? Faut-il se sentir visé ? Directement ou indirectement ?!? Ou vouloir la préserver  d'être montrée du doigt "showing human's feeling nature" au grand procès de la Fama ? Un minimum de Platonisme, exige un certain art de la maïeutique, de l'accouchement d'une pensée. Non, mais là, j'me marre !?! Platon ? "Nul n'entre ici s'il n'est géomètre ?!?" Il s'intitule comment le tableau de Magritte ? "L'esprit de géométrie !" S'il ne s'agit pas là d'une mise en scène géométrique de l'affectivité humaine, c'est que je n'ai rien dans le crâne ?!? Ce que je peux prouver facilement ! Que je n'ai rien dans le crâne, il va sans dire...... enfin soit, comment ne pas reconnaître dans l'inversion du tableau choisi, quelque renversement digne de l'ironie socratique."(Nous avons pleuré, mais...) nous ne pleurons plus !"CQFDIl manque la touche d'humour qui renverse l'ironie, le piquant de l'ironie, piquant qui consiste en prendre quelqu'un dans les contradictions de son comportement. Qu'est-ce que l'humour philosophiquement ?!? Plutôt que de prendre les personnes dans une logique contradictoire comme l'ironie, il adopte la logique des événements de sorte à préserver les personnes si tant est que c'est possible !Le poète n'aura de cesse de mettre à nu les sentiments de la nature humaine. Je ne connais qu'un défaut à la poésie de ton père, c'est que sa trop grande joie ne laisse pas assez place à d'autres sentiments. Il perçoit bien la pulsion joyeuse de la jouissance sexuelle, leur proximité sémantique, mais son exhubérance à tendance - pudeur masculine - à occulté son côté douloureux. Tu es son contraire où cette autre comédie qui a succédé à celle d'Aristophane, moins politique, plus proche du vécu intime... la complaisance en moins. Je me rappelle quelques extraits où je n'aurais pas aimé être à la place de certains - bien que j'appécie encore me faire pamphléter - extrait qui avait ceci de jouissif, de faire comprendre à certain que si la poésie n'a que sa plume pour se défendre, ce serait cruellement manquer de réalisme de leur part de croire qu'il ne va pas en user.L'humour dans tout cela ?!? Plus que probablement, le chien dans un jeu de quille - moi - qui joue au blanc chevalier, défenseur de la veuve et de l'orphelin et s'invente des moulins à vent comme Don Quichotte dans l'espoir de pouvoir briller tel un héros ! Alors au cas où j'aurais blessé injustement ton ami philosophe, mais pamphlète moi !?! Un pamphlet !Allez ?!? Tu ne m'as jamais vu qu'une fois, mais tu n'as pas pu ne pas voir toute ma niaiserie et ma naïveté ? Mon écoeurante candeur ?!? Ma gueule d'enfant de coeur ? Marie, refait moi le portrait !?! "Ta main ! Ta main, dans ma gueule !?! Du moins, ton coup de plume !" Ceci est une demande en marrage officiel !?! (J'ai les droits d'auteurs ! Même une mise en demeure pour harcèlement moral...) Si vous arrivez à donner la réplique, vous serez  tout autant officiellement qu'officisieusement la première à le faire !?! (Vous aurez les droits d'auteurs !) Mam'zelle Bucquoy, fille du roi du casting du rateau, MAKE ME L...AUGH !
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S
Mais qu'est-ce que les adultes ne cachent pas l'enfant qui se cachent derrière leur visage d'adultes ?!? Que croient-ils ainsi préserver leur autorité ou plus généralement leur crédibilité ?Honte à moi, j'ai pleuré devant "Ratatouille !" et je me suis caché de mon petit frère !?! Pourquoi cette honte ? Il y aurait-il quelque honte à éprouvé des sentiments tout ce qu'il y a de plus humains, trop humains ?!? Est-ce sérieux toute cette honte ou faut-il en rire ?
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S
« Je te comprends maman.  Ce n’est pas facile, je connais ça. » MOT-HER BLUES ! Il n'y a pas d'histoire qui en vaille la peine sans peine. Où commence la dignité et où s'arrête-t-elle ?!? Faire comme si c'était facile ? Mais quelle hypocrisie !?! Combien de personne peuvent alors se sentir excluent de peiner ? Est-ce que la sociabilité consiste à paraître des biens de biens sans histoires ?!? Là où la peine perd toute dignité, c'est lorsqu'elle donne lieu à un chantage affectif ! Je prend mon père  : "Je pourrais être là en train de crever, que tu me laisserais crever à la tâche !" Je prend ma soeur : "Arrête de te plaindre, il y a des gens qui meurent de faim !" La plainte ?!? La plainte poétique ? La seule satisfaction de la plainte poétique réside dans la juste expression de l'impression, le simple plaisir esthétique d'une parole juste, juste au corps de ses impressions de sorte à pouvoir se sentir soi dans ses mots, se donner à ressentir ou tout simplement donner à ressentir. <br /> The evidence for the courts was that she had never seen some people more deserving the full penalitie of law : "Showing human feelings (...when just good feelings of morality are allowed...) it's like... blood on hands ! Human feelings must to stay hidden like... blood !?! You're murderers, poets !" - and if you want my advice, the courts was an other... poet.<br />  <br />  <br /> (Inspired by The Trial - The Wall, PINK FLOYD) Les Bucquoy ?!? Fils et fille de Yann, le bouffon de B. I°, roi des belges et dans le même temps, bouffon de la sexualité des belges, les Bucquoy, des poètes ? Mais c'est que la comédie, c'est de la poésie autant que la tragédie bien que le propos de la comédie ne soit pas de faire dans les bons sentiments... Mis à part cela, je trouve l'illustration choisie d'une justesse, d'une justesse... Enfin soit, les mots de Lou me clouent le bec... moi qui arrivent souvent à en placer une. N'hésite pas à lui dire qu'elle peut être fière de me l'avoir cloué car ces mots forcent le respect, un respect que l'enfance n'a souvent pas droit. Les adultes jouent à ceux pour qui tout va bien, ils savent tout et les enfants ne savent rien, obligeant ainsi les enfants à culpabiliser de ce que eux-mêmes ne sont pas capables. Et s'ils disent aller mal, ce n'est bien souvent qu'un chantage affectif. Tu mises gros en acceptant son regard sur toi et au minimum tu as gagné la chance d'être toi, pour elle, quelque part, à jamais dans son regard.  Que peut rapporter une telle mise au casino de la vie d'un Mallarmé ?!? Je l'ignore car je ne crois pas que l'éducation ait jamais misé sur la sagesse affective de tels propos chez les enfants ! Et c'est bien parce que je l'ignore que je me retrouve le bec cloué. En tous cas, il s'agit là d'un autre respect dans votre relation, un respect au-delà de l'asymétrie parents-enfants comme c'est le pré-figure l'illustration. Tu pleureras encore Marie et elle aussi, mais il y a des larmes de joie aussi : "L'humour de l'idée, c'est de se présenter sous le jour de la tristesse." C'est du petit Marcel... Prout, souvent considéré comme pathétique, mais pour mettre en scène les moeurs de Sodomme et Ghomorre, il y a un comique qui se cache derrière son pathétisme car ce n'est pas là le registre de la tragédie... que préférait Platon qui honissait la comédie, Platon dont les dialogues cachent en fait un dramaturge... raté ?!? En tous cas, chose certaine, Platon fut dramaturge dans sa jeunesse ! Et quelque part, oui, quelque part sommeille une géométrie des relations humaines, un équilibre géométrique - probablement étranger à l'héroïsme socratique dans la dramaturgie platonicienne - mais qu'illustre à sa manière l'illustration choisie.Avant que d'être homme ou femme, adulte ou enfant, etc., nous sommes humains, trop humains et l'équilibre comme notre marche de bipèdes, une suite de déséquilibres... qui s'équilibrent vaille que vaille, se chorégraphie. <br />
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